L’ENTRETIEN D’AIDE

 

On peut se poser la question : A quelles conditions l’entretien consécutif à l’observation d’une séquence de classe menée par un formateur peut-il être un temps de formation ?

1-Un contrat de formation

L’entretien ne peut être constructif que s’il existe entre le professeur et le formateur un contrat de formation posant clairement.

-l’engagement du professeur dans un projet de formation ;

-l’engagement du formateur à assurer aide et suivi pour mener à bien ce projet.

         *Une aide : parce qu’il rend accessibles les outils pédagogiques, didactiques et les ressources documentaires ;

         *Un suivi : il faut instaurer une relation de confiance

Le formateur doit apprendre à écouter le point de vue du professeur, en lui permettant de mettre en mot sa manière de de fonctionner. Il faut constamment savoir montrer une disponibilité qui permette au professeur de se sentir accepter avec la totalité de son vécu, ses difficultés, ses doutes, ses angoisses et émotions. Cette mise en œuvre qui permet de donner la parole au professeur, en lui demandant de faire l’autocritique de sa leçon caractérise l’entretien d’explicitation.

2- Une relation de travail

L’une des difficultés pour le formateur est de mettre en place une relation qui fasse qu’il ne soit pas perçu comme un regard qui vient juger, car un obstacle essentiel demeure du côté du professeur : la crainte d’être évalué, « chosifié » par un discours d’évaluation-sanction au lieu d’être pris dans un processus d’évaluation formatrice voire formative.

Il est important dès le premier contact de lever cet obstacle en harmonisant le langage : « nous ne sommes pas des inspecteurs, nous venons vous voir dans la cadre du conseil pédagogique pour travailler ensemble, améliorer vos prestations et perfectionner le système éducatif ivoirien ».

Il faut donc lever l’obstacle de la peur du jugement.

L’autre difficulté est de dépasser la confrontation de deux logiques parallèles, celle du formateur et celle du professeur. En effet, la situation d’entretien met face à face un acteur (le professeur) et un observateur (le formateur considéré comme un expert), donc deux interlocuteurs ayant un vécu totalement différent par rapport à la situation de référence, tant au plan du degré d’implication que celui des théories scientifiques disponibles.

On peut se poser, deux autres questions au cours de l’entretien.

Comment permettre chez l’enseignant la prise de conscience de ce qui précisément pose problème, en évitant de susciter dénégations, refus, autojustifications et autres mécanismes de défense ?

Quelles sont les médiations matérialisées qui peuvent servir de support à l’analyse ?

Il faut :

-partir de ce qui s’est fait au cours de la séquence :

C’est à cette condition que le professeur pourra prendre connaissance des aspects restés inaperçus dans le feu de l’action, d’éléments susceptibles de fournir d’autres fragments de la réalité.

-Travailler sur une situation spécifiée, et non sur des généralités ; il est important de partir de l’évocation par le professeur d’un moment précis, « spécifié » de la situation pédagogique.

-Se donner des matériaux pour l’analyse de la séquence :

         *les traces de l’activité des élèves (cahiers, traces écrites, dessins, schémas, productions diverses….)

         *les traces de l’activité du professeur (fiche de préparation, documents conçus, matériel pédagogique utilisé : diapositives, transparents, affichages, tableau…)

         *un enregistrement vidéo ou audio de la séquence permettant de restituer les interventions verbales et non verbales de l’enseignant, les aspects observables de l’activité des élèves.

    - Il convient aussi « d’encourager la mise à jour du niveau de description de l’action » en éliminant les « pourquoi ». Il faut privilégier les questions de type « comment » et toujours recentrer le questionnement sur le déroulement précis des actions du sujet en éliminant les digressions.

     -Il y a toujours du positif ; c’est de là qu’il faut partir. Comme chez les élèves… Ne pas voir tout ce qu’ils ne savent pas mais voir d’abord tout ce qu’ils savent déjà.